Les jardins de Vayres ont subi de nombreuses transformations au cours des siècles. Ogier de Gourgue acheta le 19 juillet 1583 le château de Vayres à Henri de Navarre, futur Henri IV. L’ancienne forteresse, ruinée, s’élevait entre la Dordogne et l’un de ses affluents, le Gestas. Au nord et au nord-ouest, le château était protégé par les pentes très raides du coteau, au nord-est il était défendu par un fossé et un retranchement. Au sud-est, une coupure artificielle l’isolait du bourg.
Au temps d’Ogier de Gourgue
Une gravure de Chastillon, qui était dans la région de Vayres en août 1608, donne des renseignements sur l’état des jardins. Au nord s’étendait jusqu’à la Dordogne un grand parterre, aussi large que la façade et protégé par des murs. Le jardin ainsi délimité était organisé en motifs réguliers d’X. Trois édicules dominaient la rivière : celui du centre servait à gagner la rive d’où l’on pouvait s’embarquer sur les navires qui descendaient vers Bordeaux ou remontaient vers Libourne. Au nord-ouest du jardin, une porte s’ouvrait sur une grande allée d’arbres qui traversait une garenne. Au-delà, la gravure représente des arbres de haute futaie et, du côté du moulin, un verger. Ce très beau jardin fut endommagé durant la Fronde par les troupes du duc Epernon qui le fit bombarder depuis la Dordogne. Les embellissements opérés durant l’époque moderne
A la fin du XVIIe siècle et au début du siècle suivant, d’importants travaux furent réalisés par Armand Jacques de Gourgue, évêque de Bazas. Il orne le jardin d’une charmille et fait de gros travaux sur la façade du château vers le jardin. Puis, au milieu du XVIIIe siècle, le château fut livré à lui-même et le tremblement de terre de 1759 causa beaucoup de dommages. La restauration de l’édifice fut entreprise entre 1769 et 1770. La restauration des jardins s’en suivit. Apparurent des potagers, des vergers, jardins peu décoratifs qui s’enrichirent par la suite de bassins, de treilles, de portiques, de palissades fleuries.
Les jardins de Vayres au XIXe siècle
En 1818 on coupa et arrangea les rideaux de la charmille le long du mur du côté de la rivière en dedans du mur du parc. Furent plantés des pommiers et poiriers dans le jardin du côté du moulin, on nettoya les allées du jardin et les bosquets du parc. Haies, charmilles, arbres fruitiers, allées, furent alors régulièrement entretenus. Une gravure datant de 1842 nous montre la façade donnant sur la Dordogne environnée de bosquets et d’une vaste prairie… un changement radical dans la conception des abords du château !
Le jardin de Vayres au début du XXe siècle
Au début du XXe siècle, des vignes s’étendent entre le château et le village. Vers l’entrée principale un potager est enclos de murs dominant un verger en contrebas. Du côté de la rivière, les arbres qui masquaient la façade ont été abattus, une allée conduit à travers une prairie au bord du fleuve. Une photographie, réalisée durant la guerre de 1914-1918, montre le jardin s’étendant du château à la Dordogne planté de cultures vivrières. En 1919, le commandant Pavillon, propriétaire du château, demanda le remboursement d’arbres et clôtures abattus durant la guerre : tilleuls, ormeaux, peupliers, pommiers, une rangée de charmilles…
Le jardin de Ferdinand Duprat (1938-1939)
Nouveaux propriétaires du château de Vayres en 1938, Monsieur et Madame Dubost confièrent à l’architecte paysagiste Ferdinand Duprat la recréation des jardins, tels que nous les voyons encore aujourd’hui. Né à Bordeaux en 1887, Duprat étudia les jardins d’autrefois auprès de son maître Duchêne. Il fut très renommé et devint notamment paysagiste de cours royales, d’Angleterre, du Danemark et de Suède. Il a créé de nombreux parcs et jardins : au château Margaux (1927, Gironde), à la Gagnerie (1928, Yvelines), au manoir de Parcoul (1929, Dordogne),au château la Roche-Courbon (1930, Charente -Maritime) etc. A Vayres, Duprat s’inspira, pour la création de ce beau jardin régulier, de celui qui figurait sur la gravure de Chastillon. Il adopta un dessin sobre alliant eau, pelouses et topiaires jusqu’aux degrés qui mènent au château. Les parterres bordés de charmilles furent ponctués d’ifs taillés en boules, cônes et pyramides auxquels Duprat, pour rompre la monotonie, donna un rythme croissant ou décroissant. Le carrefour des deux axes principaux du jardin – le premier menant de l’escalier au fleuve et le second faisant communiquer les deux espaces que sépare ce jardin régulier – est formé par une figure géométrique, un octogone orné de rosiers. Les fleurs apportent une note vive et gaie. Les charmilles, par leurs frondaisons élevées, font ressortir la beauté des parterres et apportent du relief. Ce jardin très français et traditionaliste est une conception architecturale et décorative où tout est scientifiquement calculé en privilégiant le rapport existant entre la demeure et son cadre.
2012 : création d’un jardin d’inspiration médiévale
Du VIIè au XIIIè siècle, châteaux et abbayes étaient dotés de jardins clos. Ces jardins fournissaient des plantes utilisées dans la vie de tous les jours. Ils comprenaient essentiellement un verger (vividarium) et un jardin potager (hortus) pour les besoins alimentaires, un jardin de simples (herbularius) avec plantes médicinales et aromatiques, et de nombreuses fleurs. D’autres variétés pouvaient être cultivées : des plantes médicinales maléfiques, associées à la sorcellerie, et des plantes tinctoriales. Le plan d’un jardin médiéval était très codifié, c’est ce qui a été reproduit à Vayres : le jardin est clos de haies, organisé en damiers réguliers regroupant les plantes aux fonctions similaires. Entre les carrés, de petites allées engazonnées.