Le Château de Vayres est classé Monument Historique – XIIIème, XVIème et XVIIème siècles.
Son parc a reçu le label Jardin Remarquable décerné par le ministère de la Culture.

Les origines

L’emplacement où se situe le village de Vayres a été occupé dès l’époque proto-historique par une population dense.

Un oppidum gallo-romain s’appelant Varatedo était situé sur cette voie Bordeaux-Limoges, via Périgueux. Les habitants avaient installé sur les bords de la Dordogne – aujourd’hui les jardins à la française – une officine importante de fabrication de poteries en céramique à usage culinaire.

Des fouilles archéologiques, effectuées en 1992, mirent à jour une douzaine de fours. On dégagea urnes, pots, assiettes. Ces pièces ont été restaurées par le musée d’Aquitaine.

Depuis le camp retranché que les Romains avaient établi, diverses constructions de défense se sont succédé là, en raison de l’intérêt stratégique que présente ce promontoire naturel entouré d’eau par la Dordogne et le Gestas (petite rivière en contrebas).

Le haut Moyen Age

Dès le XIème siècle, le Château de Vayres est en pierre, comme en atteste un écrit datant de 1092.

Il était alors propriété de Raymond Gombaud. Il ne reste rien de ce premier château, simple donjon entouré d’une palissade en bois se dressant au milieu de l’actuelle cour d’honneur.

Au XIIIème siècle, Rose de Bourg, descendante des Gombaud, apporte Vayres en dot à Amanieu VII d’Albret (1288) qui devient seigneur de Vayres. Amanieu fortifie le château en créant la Tour du Moulin qui subsiste aujourd’hui.
C’est un moment important dans l’histoire de Vayres qui va rester possession de la famille d’Albret pendant 300 ans, jusqu’au roi de France Henri IV, son plus illustre représentant.

La forteresse

L’un des fils d’Amanieu, Bérard d’Albret, prend parti pour l’Angleterre contre son père et s’empare du château. Le château de Vayres va prendre alors de l’ampleur.En effet, pour la Guyenne, sous domination anglaise* depuis le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenet devenu Henri II d’Angleterre, Vayres a une valeur stratégique essentielle dans la défense de la ville de Bordeaux, capitale de l’Aquitaine.

Le roi d’Angleterre Edouard II aide financièrement Bérard d’Albret à ériger en 1326 une vaste forteresse.
De cette période subsistent encore aujourd’hui le donjon, le châtelet d’entrée et les douves qui ont toujours été sèches.

Le château fut considérablement endommagé durant la Guerre de Cent Ans.

* Domination anglaise de 1258 à 1453 – Guerre de Cent Ans de 1337 à 1453.

La Renaissance – XVIème siècle

Les propriétaires successifs du château de Vayres se ralliant tantôt aux Français, tantôt aux Anglais au cours du XIVème siècle, en représailles Vayres fut saisi et donné à différents personnages comme Gaston de Foix. Plus tard il vint même par mariage (1499) à César Borgia. La fille de César Borgia restitua Vayres à Henri d’Albret, roi de Navarre et grand-père du roi de France Henri IV, en 1535.

Henri de Navarre, futur roi de France Henri IV, hérite du Château de Vayres par sa mère Jeanne d’Albret. Il y séjourne à plusieurs reprises avant de le vendre, le racheter puis le vendre définitivement en 1583 à Ogier de Gourgue, président des trésoriers des finances de Guyenne. Ogier de Gourgue est un personnage riche et puissant : le château était alors en très mauvais état et le futur roi de France ne souhaitait pas financer les indispensables réparations.

Les bâtiments sont remaniés par le nouveau propriétaire : on perce de grandes croisées à une ou deux traverses surmontées de frontons et on couronne le tout de mâchicoulis.

La forteresse est transformée en château d’agrément dans le style de la Renaissance française. Des toitures en ardoise des Pyrénées viennent coiffer certains bâtiments. Le muret à douze niches, séparant la basse cour de la cour d’honneur, date de cette période.

En 1586, Ogier de Gourgue fait appel à un architecte renommé, Louis de Foix, qui fut l’ingénieur du phare de Cordouan et travailla à la cour d’Espagne. Louis de Foix crée la magnifique façade, à décor maniériste (style de la fin de la Renaissance) d’un rare raffinement dans la cour d’honneur.

Le XVIIè siècle

En 1648 éclate la Fronde parlementaire, suivie de la Fronde des Princes. Les Gourgue prennent parti pour les Frondeurs en révolte contre Mazarin qui gouverne la France pendant la minorité du jeune roi Louis XIV. Canonné depuis la rivière, le château est en partie ruiné.

Vers la fin du siècle, Monseigneur Jacques-Joseph de Gourgue, évêque de Bazas, entreprend la restauration du château qu’il confie à l’architecte Launay. On apporte des modifications notables sur la façade qui domine la Dordogne : harmonisation des corps de bâtiments, création de la terrasse à balustrade et du grand escalier qui enjambe les douves. De vastes jardins sont créés longeant la rivière.

Début  XVIIIè s.

Le pont-levis et la barbacane sont remplacés par un pont « dormant » et l’élégant portique à la Vauban par où on pénètre désormais dans le château, lequel n’a pratiquement plus subi de modification depuis lors.

La famille de Gourgue est restée propriétaire de Vayres jusqu’aux environs de 1900.
Les jardins d’origine ayant disparu, on peut voir aujourd’hui un parterre à la française créé en 1938 par l’architecte-paysagiste Ferdinand Duprat (jardins de Beychevelle et de La Roche-Courbon). Et un jardin médiéval créé en 2012.